Pour leur projet de photographies autour des métiers d’art, les lycéens ont découvert l’atelier d’une vitrailliste, avant deux autres visites en janvier.
"Elle ne passe pas inaperçue. C'est une batisse aux tons clairs perçée en son centre d'une vitrine ou sont parsemés ici et là des regards posés sur une palette de couleurs. Nous sommes rue Alapetite à La Châtre: "Ces regards ce sont ceux de ma famille, me confie t-elle. C'est mon arbre généalogique que j'ai réalisé là". Comme ses aieux je contemple.
Dans la lumière traversante, je re-découvre la subtile élégance du verre, une matière que Nathalie à elle-même rencontrée grâce à son grand-père et son père photographe. A l'époque c'était sur cette surface transparente que la lumière traçait ses sillons. L'artisan la retouchait à la main.
Fascinée, Nathalie Gesell a fait de la photographie son premier métier "Mais plus tard, j'ai eu l'impression de devenir un ingénieur informatique. Tout s'automatisait".
Retour aux sources donc et retour à la matière, au bord de l'Indre, à La Châtre.
La matière, les couleurs, l'ampleur. Ouvrir grand le champs des possibles, créer de la pointe d'un crayon à la couleur translucide en passant par la cuisson du verre.
Toutes les échelles de la création se fondent ici, en bijoux raffinés qui subliment la féminité jusqu'à l'ampleur impressionnante du vitrail. "Pour une restauration c'est tout un pan du dessin original que j'ai dû ré-inventer" explique Nathalie. Grâce à ses connaissances, elle retrouve les lignes, les symboles, la lumière. Son passage à l'Institut Supérieur de Théologie des Arts lui permet d'analyser, de comprendre, de créer. Cela lui ouvre les portes de la Tradition comme de la personnalisation.
C'est cela qu'elle partage avec tous les regards qui composent l'histoire de sa famille, mosaïque d'artistes venus des quatre coins de l'Europe, pour se poser là à La Châtre, se reflétant dans les créations de Nathalie. Et c'est cela qu'elle vous invite à découvrir dans son atelier.
C'est d'ailleurs peut-être parce qu'elles créent de leur propres mains que les femmes de l'artisanat ont cette farouche volonté d'être elles-mêmes. En quittant l'atelier CLAIR de LUMIÈRE ce matin là, je me remémore les mots de Simone de Beauvoir: " C'est dans les petites communautés rurales qu'on voient les époux vivre sur un pied d'égalité; la femme n'est ni une chose ni une servante {...} elle oppose la ruse à la force et les époux se retrouvent à égalité. C'est peut-être aussi cela qui me fascine dans cette liberté de créer chez les artisans, homme ou femme: c'est leur faculté, par l'art et le geste, de transmettre sans entrave leur propre lumière.
Dans le cadre des Médiévales, le service culturel a proposé aux écoles de La Châtre de nombreuses activités, dont une sur le vitrail, avec pour objectif de mettre en avant un artisan d’art. Plusieurs séances ont été organisées pour la classe de Pierrette Aufrères, à l’école Rollinat, avec une visite de l’atelier de vitrail CLAIR de LUMIÈRE et Nathalie Gesell, vitrailliste. En classe, un atelier découpe du verre, puis un dernier atelier de peinture sur verre. Les élèves ont réalisé un panneau, aidés par Brigitte et Sandra du musée George Sand. Nathalie Gesell a réalisé les finitions, le montage du panneau et le sertissage.
Article à lire dans le mag. Carré Barré
Le Prix "Coup de coeur" du jury Prix départemental SEMA 2020 a été décérné à Nathalie Gesell avec la restauration d'un registre central manquant sur un vitrail de l'église Saint Sulpice de Buxeuil dans l'Indre (36). Rencontre dans son atelier de vitrail CLAIR de LUMIÈRE sur les bords de l'Indre à La Châtre.
Article à lire dans le mag Carré Barré n° 56/ Jan-Fév 2021